Dans le cadre des #journeeseuropeennesdesmetiersdart dont le thème cette année est

" Sublimer le quotidien" le collectif Les Mains Savantes s'est attaché à traiter tout particulièrement la question de la lumière, d'où le titre de l'exposition à l'Ancienne Gare de Lunel, avec La Preuve par 7.

J'ai choisi pour ma part de flâner dans Lunel, l'appareil photo à la main, en quête d'images banales, m’étant dit un peu facilement que les fenêtres feraient un bon sujet.

Soudain elles m’apparaissent.

Il n’est pas question pour moi de m’approprier l’intimité des gens. Il me faut éviter tout voyeurisme.

Les encadrements, les reflets sur les vitres en font une limite essentielle et symbolique entre espace public et espace privé, bien qu’elles soient parfois entr’ouvertes… De façon récurrente, le linge est étendu à l’extérieur tel un nécessaire passage entre ces deux mondes, séchant au soleil, offert au regard. Ainsi suspendu dans l’espace et le temps, il me rappelle les drapés de la peinture classique.

A l’intérieur les foyers mystérieux, à l’extérieur les draps et les vêtements vides des corps qu’ils protègent d’ordinaire.

Certaines villes interdisent aux habitants de pendre leur linge aux fenêtres, s’attaquant ainsi aux plus démunis.

Alors je sais.

Les images finales, une fois traitées, retraitées, maltraitées tenteront d’incarner par le travail de la lumière la poésie et la fragilité de vies humbles et anonymes, toutes particulières et pourtant universelles.

Chaque photographie prise sera par ailleurs pixelisée à l’extrême, puis également peinte et transférée sur un miroir voisin, faisant allusion aux censures liberticides et aux tentatives répétées d’invisibiliser les difficultés sociales d’une partie de la population.

C’est beau le linge pendu aux fenêtres !